Accueil, café 9h
Session 4 : Environnement marin : de nouvelles perspectives 9h30 – 12h00
Modérateur : Maud Lénée-Corrèze, rédactrice au Chasse-Marée
Intervenants : Sylvain Roche, ingénieur de recherche chaire TRENT de Sciences Po Bordeaux, enseignant-chercheur, Arnaud Poitou, président de Farwind Energy, Stefan Gallard, directeur marketing Grain de Sail, Christophe Baley, Professeur des Universités à l’Université de Bretagne Sud, Claire Hugues, vice-présidente du Conseil Régional des Pays de la Loire déléguée aux affaires maritimes, présidente de la Commission Permanente du Conseil Maritime de Façade Nord Atlantique Manche Ouest
L’éolien en mer : une innovation de rupture en quête de légitimité en France, Sylvain Roche
Le premier parc éolien marin français sera inauguré cette année au large de Saint-Nazaire (480 MW). Plus de vingt ans auront été nécessaires pour voir un parc éolien offshore se dresser au large des côtes françaises. En quoi l’éolien marin peut-il se définir en France comme une innovation de rupture ? Quels sont aujourd’hui les objectifs en termes de production énergétique d’origine offshore? Cette intervention proposera de replacer cette innovation controversée et ses imaginaires techniques dans une perspective historique et comparative.
Farwind Energy : des voiliers hydroliens pour exploiter l’énergie du vent en haute mer, Arnaud Poitou
L’énergie du vent suffirait à elle seule à subvenir à l’ensemble des besoins de l’humanité si on était capable de la capter là où elle est la plus intense, c’est à dire en mer et même en haute mer. Lorsque l’on s’éloigne de plus de 100 km des côtes, il n’est ainsi pas rare que la vitesse du vent soit de plus de 30% supérieure à ce qu’elle est le long des côtes et, si l’on réalise que l’énergie que l’on peut récupérer varie comme le cube de cette vitesse, la densité d’énergie du vent en haute mer est typiquement plus de deux fois supérieure à celle que l’on aurait près des côtes et plus de 3 fois celle fournie instantanément par une éolienne terrestre. Farwind Energy propose la première technologie capable de capter cette ressource. Cette technologie ne porte pas de limite intrinsèque particulière. Elle peut être développée de façon massive si les investisseurs s’en emparent (investissement typique de 10M€ par navire). Produite sur des navires, elle possède aussi trois autres atouts majeurs (i) elle ne provoque aucun conflit d’usage et ne nécessite donc pas de permis d’installation particulier, (ii) elle se développe dans des eaux internationales avec des risques géopolitiques faibles et (iii) puisque ces navires se déplacent, il est possible de les guider en temps réel vers les zones où les condition d’exploitation sont les meilleures et d’augmenter ainsi leur facteur de charge pour le faire passer à 70% ou 80%. Cette augmentation du facteur de charge a lui-même le double avantage d’augmenter encore, à vitesse de vent donnée, la quantité d’énergie produite mais aussi et peut être surtout, celui d’augmenter le taux d’utilisation des équipements de conversion d’énergie (l’électrolyseurs, installations de power to liquid) et de diminuer ainsi leur coût d’exploitation.
Grain de Sail, présentation de l’entreprise et de notre projet : Stefan Gallard, directeur marketing chez Grain de Sail,
- Le développement durable au sein du projet => écologique, social et économique.
- Premier voilier cargo moderne normé marine marchande internationale (avec un deuxième en cours)
- Choix des produits (à forte valeur ajoutée) et choix de l’intégration verticale des activités de production, commercialisation et de transport.
La place de la propulsion par le vent pour décarboner le secteur maritime :
- Quelle que soit la taille des navires neufs ou via un rétrofit il est possible d’y installer un système vélique (kite, ailes rigides, voiles classiques etc…).
- Jusqu’à 50 / 60 mètres on peut construire des pures voiliers. Au-delà assistance vélique.
- Le retour d’expérience est encore faible et c’est ce pourquoi GDS a construit d’abord un tout petit cargo voilier de 24m pour maintenant lancer la construction d’un 52 mètres portant 350 tonnes de charge (X8 par rapport GDS1)
- En 2050 les enfants se demanderont où sont passées les voiles sur nos navires actuels…et on est pas prêt de trouver aussi efficace pour décarboner le transport maritime.
- Pour exploiter depuis maintenant plus d’un an le premier Voilier Cargo normé marine marchande je peux confirmer ceci :
- Ne pas sous-estimer la mise au point et les provisions pour risques
- Être expérimenté en construction / architecture navale
- Avoir un business plan solide
- Si vous êtes crédibles les banques suivront
- Le défi est la magie du pétrole magique (1 litre = 10 kwh = 1,70 € = 3 semaines de vélo) et donc le besoin de mettre en place taxe carbone pour financer la décarbonation…
La propulsion par le vent comme inspiration de nouveaux modèles économiques :
- Décarboner c’est revoir le modèle de la mondialisation donc diminuer la taille de la flotte et transporter moins et transporter mieux
- Décarboner c’est réduire l’empreinte carbone de chaque navire
- Décarboner c’est ne transporter que ce qu’on ne peut pas trouver chez nous ou exporter ce qu’on sait faire mieux qu’ailleurs
- Décarboner c’est relocaliser, consommer en circuits courts à échelle régionale
- Décarboner c’est transporter moins transporter mieux, consommer moins consommer mieux et donc organiser la décroissance plutôt que de la subir
Des plantes à fibres : bioconstructions inspirantes et ressources pour des matériaux à hautes performances, Christophe Baley
Il y a une longue histoire entre l’homme et les plantes à fibres. Parmi elles le lin, plante remarquable utilisée par l’homme pour des applications textiles depuis plus de 36 000 ans. Aujourd’hui les fibres de lin sont aussi utilisées comme renfort de matériaux composites. En effet on assiste au renouveau des matériaux issus de ressources renouvelables pour répondre à nos défis tels que la réduction de consommation d’énergie, d’émission de CO2, d’impacts sur l’environnement et de déchets. Si les plantes sont des ressources, elles sont aussi source de connaissances, car il s’agit de structures naturelles, composites et optimisées.
Le Document Stratégique de Façade Nord Atlantique Manche Ouest : son élaboration, son contenu, sa mise en œuvre, Claire Hugues
Présentation du Document Stratégique de Façade Nord Atlantique Manche Ouest : son cadre, son calendrier, sa méthode d’élaboration, son contenu, sa mise en œuvre.
Ce document stratégique est le fruit d’une élaboration concertée, qui a permis d’écrire avec l’ensemble des acteurs des régions Bretagne et Pays de la Loire :
Un état des lieux partagé
Un ensemble d’objectifs socio-économiques et environnementaux
Un plan d’actions permettant ses atteintes
Au travers de la mise en œuvre de ce plan d’actions, se dessinent de nombreuses opportunités autour de ses grands piliers : de notre identité maritime au rayonnement de la recherche et de l’innovation, en passant par la promotion de l’économie bleue, la valorisation de notre patrimoine naturel et l’aménagement durable et résilient des territoires marins et littoraux
Débat entre intervenants et échanges avec le public
Pause déjeuner
Session 5 : La patrimonialisation des cultures maritime et fluviale – 14h00 – 17h30
Modérateur : Michel Colleu, cofondateur du Chasse-Marée, cofondateur de l’OPCI, et Clémentine Le Moigne, ethnologue
Intervenants : Laurent Delpire, directeur du Patrimoine et de l’Urbanisme à la Ville du Croisic et Philippe Lacroix, conseiller municipal du Croisic délégué au Patrimoine, Catherine Vadon, océanographe et maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, François Casalis, vice-président de l’association du patrimoine maritime et fluvial, Jean-Michel Le Boulanger, maître de conférences en géographie à l’Université de Bretagne-Sud, Vincent Guigueno, conservateur du patrimoine et spécialiste de l’Histoire maritime, Kelig-Yann Cotto, conservateur en chef du Patrimoine et directeur du Port-Musée de Douarnenez.
Laurent Delpire et Philippe Lacroix, Programme Les croisicais et la mer – Regards croisés
La Ville du Croisic s’est inscrite au programme Caractère[s], patrimoine vivant des Petites cités, mis en œuvre avec le réseau régional des Petites cités de caractère des Pays-de-la-Loire et l’OPCI pour la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel. Les objectifs fixés pour cette démarche sont : conserver la mémoire de la mer, menacée de disparition avec la perte des générations qui ont connu les décennies d’avant-guerre, nourrir la culture contemporaine et accompagner l’aspiration des Croisicais à s’identifier à une culture locale riche, enrichir le patrimoine croisicais en impliquant la population et les acteurs, notamment à partir de la mémoire de la pêche, particulièrement de la pêche à la sardine, du patrimoine oral parlé, chanté, dansé et des métiers et activités liés à la mer, d’hier et d’aujourd’hui. Les actions de collectage des témoignages ont démarré avec l’aide d’un cinéaste bénévole et rencontrent un vif succès. Une collection sera ainsi créée, certains témoignages sont déjà disponibles à la médiathèque du Croisic. Toutes ces informations collectées seront valorisées et exploitées sous forme d’expositions, d’échanges, de médiation…
« Mémoire de Pêche », pour une mémoire vivante des pêches traditionnelles en Loire-Atlantique, Catherine Vadon
Tout au long des siècles, les eaux poissonneuses de l’estuaire de la Loire furent des lieux privilégiés de la pêche. De Paimboeuf à Nantes, les techniques étaient innombrables, finement adaptées aux arrivées successives des poissons migrateurs, aux courants, aux crues et décrues du fleuve. D’octobre à janvier, on déployait de lourdes sennes pour intercepter les vigoureux saumons arrivant des eaux froides de l’Atlantique. De mars à mai, on faisait dériver les filets maillants qui barraient la route des aloses remontant avec le flot. Les anguilles se piégeaient dans des bosselles, au carrelet, à la fouine, tandis que les petites civelles qui remontaient la Loire en hiver, étaient recueillies, par millions, à l’aide de simples tamis. Sur la côte, l’arrivée printanière de la sardine, au rôle économique considérable, était attendue avec impatience, car de nombreux métiers, tant au Croisic qu’à La Turballe, en dépendaient : pêcheurs, constructeurs de bateaux, voiliers, ramendeuses de filets, revendeuses, ouvrières des conserveries, … A bord de solides dundees, certains traquaient le thon jusqu’au dangereux plateau de Rochebonne. Pour d’autres, c’était le maquereau de ligne, à la strouille, la langouste à la barrique, le congre au bao, … Aujourd’hui, la vitalité de cette tradition de pêche se trouve rudement confrontée aux profondes mutations de nos environnements, de nos techniques et de nos sociétés. Pour que reste vivante la mémoire de ces nobles savoir-faire traditionnels, éléments fondamentaux du patrimoine et de l’identité de notre région, la transmission de leur connaissance est essentielle. C’est cette mission de pérennisation et ce travail de recherche (témoignages, matériel, photos, …) que « Mémoire de Pêche » s’efforce depuis près de 30 ans de mener à bien, pour les générations actuelles et à venir.
Ce que l’objet a à nous dire… à travers l’émergence d’un patrimoine : le canotage, François Casalis
Nous aimons bien les bateaux qui nous racontent leur histoire, mais pas seulement…
La difficulté est de percevoir l’ensemble de ce qu’ils ont à nous dire, la fameuse « Voix du silence » chère à André Malraux.
La connaissance d’un bateau, d’un objet, ne peut se réduire à ce que nous savons de lui, bien qu’habituellement nous considérons un bateau tel qu’en lui-même. Cette connaissance va au-delà de son histoire bien qu’elle lui soit intimement liée et complémentaire à la tentative de compréhension.
A l’aide de quelques exemples liés au Canotage auxquels une bande de « marins d’eau douce » s’est intéressée depuis maintenant une quarantaine d’années, nous allons essayer de mettre en évidence les différents « acteurs » qui nous ont permis de mieux connaitre la raison d’être des embarcations spécifiques à ce loisir du 19° siècle ainsi que leur environnement.
Pause
Patrimoines, identités, territoires, des relations complexes et ambiguës, Jean-Michel Le Boulanger
Il y a, dès l’émergence de la notion contemporaine de patrimoine, à partir de la Révolution française, des relations très étroites entre ces trois termes : identité, territoire, patrimoine.
Le patrimoine au service d’une identité nationale au XIXe siècle ; au service d’identités locales à la fin du XXe.
Le patrimoine ne va pas de soi. Il est construit par des acteurs, dans le cadre d’une fabrique qui opèrent des tris entre toutes les traces du passé. Tout héritage n’est pas patrimonialisé…
Nous tenterons de dégager quelques lignes-forces de ces processus, en centrant le propos sur la notion récente de « patrimoine maritime ». Avec ses exceptionnelles réussites et avec ses zones de fragilité. Des traces sont mises en lumière ; d’autres restent dans l’ombre.
En conclusion nous tenterons d’imaginer un nouvel élan pour la notion de patrimoine maritime en liens avec les grands enjeux du XXIe siècle.
Patrimoine et Culture maritimes : qu’est devenu le tournant des années 1980 ?, Vincent Guigueno
Les années 1980 constituent un moment charnière dans l’histoire du patrimoine maritime en France : naissance de la revue Le Chasse-Marée, création de musées, classement de bateaux au titre des monuments historiques, montée en puissance des fêtes… Cette reconnaissance s’opère alors que le nombre d’inscrits maritimes s’écroule et que le grand public s’enflamme pour la course au large en solitaire. Quarante ans plus tard, malgré un discours constant sur la puissance fondée sur une vision nostalgique de l’histoire, la « provincialisation » de la France au sein des nations maritimes s’est confirmée, si l’on adapte à notre sujet le concept proposé par Dipesh Chakrabarty. Les politiques publiques de la mer, désormais portées par un ministère éponyme, s’intéressent encore aux marins et aux bateaux. Mais elles s’appuient désormais sur une représentation de la mer comme espace biologique et écologique, en phase avec les discours sur le changement climatique. Notre contribution invitera les participants à réfléchir à la place d’une culture maritime « traditionnelle », célébrée depuis les années 1980, dans ce nouveau paradigme.
Le Port-musée de Douarnenez Kelig-Yann Cotto
Classé « Musée de France », le Port-musée est le plus maritime des musées de France et possède une collection de référence nationale. Installé dans une ancienne conserverie sur le Port-Rhu de Douarnenez, il propose plus de 2800 m² d’expositions permanentes et temporaires dans son espace à quai.
De prime abord, c’est surtout sa collection et la gageure de sa conservation qui font l’originalité du Port-musée : une dizaine de milliers d’objets liés aux mondes maritimes, des fonds d’atelier d’artistes photographes de Bretagne (Michel Thersiquel, Félix et Nicole Le Garrec), et surtout plus de 280 bateaux. Ceux-ci sont de toutes tailles, de toutes fonctions, et de toutes origines : de la modeste pirogue monoxyle de Guinée Bissau au bateau-usine de plus de trente mètres caractéristiques des trente-glorieuses, en passant par des bateaux de travail remontant au XIXe siècle.
17h Débat entre intervenants et échanges avec le public
Soirée concert 20h30 : 40 ans de (re)découverte des « chansons de mer »
Avec les groupes Dastum 44, Touline et L’Armée du Chalut