Le 1er mars, Les Sables-d’Olonne ont accueilli la quatrième journée thématiques des Rendez-vous du patrimoine vivant, un cycle de rencontres conçu, initié et porté par l’OPCI afin que les acteurs œuvrant en Pays de la Loire et au-delà pour faire vivre le patrimoine culturel immatériel puissent partager des expériences de sauvegarde, de valorisation, de maintien, d’adaptation de pans de nos cultures populaires pouvant servir de référence.

Consacrée à la culture maritime – un sujet qui, par définition déborde des frontières administratives  ! – la journée a permis d’entendre 10 interventions réparties en deux grands thèmes :Valoriser le patrimoine maritime, et Transmettre à travers des bateaux, des chantiers et des fêtes.

Les expériences présentées sont menées aux Sables-d’Olonne et dans d’autres communes du littoral vendéen, mais aussi à Nantes, dans le Morbihan, à Passaia (Pays basque espagnol), à Fécamp en Normandie… Les intervenants invités travaillent dans des institutions publiques (Guy Saupin,  Université de Nantes ; Frédéric Fournis, directeur de l’Inventaire régional de la Région Pays de la Loire) ; sont élus (Pierre Aubry, 1er adjoint de la ville de Fécamp) ; journaliste (Jean-Marie Le Provost, Ouest-France) ; sont impliqués dans des fondations (Antoine Fouchard, Fondation d’entreprise Bénéteau, Xabier Agote, Fondation Albaola) ; sont chercheurs et également membres d’associations sur la culture maritime (Hervé Retureau, association Olonna ; Roland Mornet ; William Vogel, association Biche ; Alain Doaré, associations patrimoniales maritimes nantaises) ; ou travaillent à l’OPCI (Jean-Pierre Bertrand, Michel Colleu, Philippe Boisseleau).

Une centaine de personnes ont assisté à la journée. Le public était constitué d’élus (Les Sables, Saint Gilles…), d’agents territoriaux (Région Bretagne-Inventaire, Département de la Vendée, Saint Hilaire-de-Riez, Yeu, Pays de Monts, Olonnes etc.), d’acteurs du patrimoine maritime (associations locales, ou vendéennes, Musée de la marine de La Rochelle…) et d’habitants. Nous avons malheureusement déploré l’absence de nos amis de la Semaine du Golfe et de L’association Hermione-Lafayette, inscrits et empêchés.

Les deux thèmes, répartis sur les deux demi-journées, ont été rythmés de façon analogue : après une introduction, les interventions de 20 minutes se sont succédé, comme prévu, grâce au respect du temps imparti par les intervenants, par les discutants, et une bonne gestion des supports de présentation (indispensable à un bon suivi de l’audience !). Les deux demi-journées se sont terminées par un échange entre les intervenants et la salle, soulevant des questions complémentaires, des remarques, des suggestions, et des souhaits d’actions à mener, ces temps d’échanges nous semblent indispensables au déroulement de ce type de journée.

Tout aussi indispensable, le repas de midi pris sur place, en self-service, permettant un maximum d’échange entre toutes les personnes présentes. Et aussi les tables de découverte des publications d’organismes œuvrant à la culture maritime, et encore l’exposition sur le patrimoine des pêcheurs du Lac de Grand-Lieu : peut-être à l’avenir des journées de ce type pourraient être plus popularisées, car à travers la présence de ces stands et ces expositions, c’est aussi, en parallèle aux interventions, un espace de découverte de la culture maritime au grand public qui est proposé.

La soirée était consacrée à la présentation d’extraits du répertoire de chants (et de danses) publié dans le recueil Les gens des Olonnes chantent, dont on fêtait la parution, en présence de Yannick Moreau, maire des Sables d’Olonne, de Christian Guillonneau, directeur du Conservatoire de musique Marin Marais, et de Jean-Pierre Bertrand, ethnographe, auteur du recueil, cofondateur de l’OPCI.

Une cinquantaine de personnes ont assisté à la présentation de pièces jusque-là inédites par le groupe de chants de marins Force 5, par Christian Guillonneau et Hélène Léonard, du conservatoire de musique intercommunal Marin-Marais, et par le groupe Terre d’Islas, animé par Xavier Chauvière, dont l’enthousiasme et la compétence musicale de la douzaine de jeunes adultes du groupe a été remarquée.

Si cette soirée était dans la thématique de la journée – ce thème a fait l’objet d’une intervention – comme elle n’était pas programmée directement à suivre la rencontre (deux heures tard), c’est u nouveau public qui y a assisté, celui du « Rendez-vous «  étant majoritairement parti.

Une journée de réflexions, de présentations d’expériences,
et de mises en perspectives d’actions et politique de développement sur la culture maritime

Guy Saupin a proposé une réflexion générale sur la culture des gens de mer, dont le rôle est par définition à l’interface (de la terre de la mer, de l’ici et de l’ailleurs, etc) : cette introduction sociale et philosophique a permit de prendre du recul, et a éclairé la journée.

Jean-Marie Le Provost a décliné les activités des gens de mer sur le littoral vendéen, en concrétisant par des chiffres et des exemples précis leur importance économique et sociale.

Hervé Retureau a expliqué en quoi les registres des inscrits maritimes (conservés à Rochefort, en ce qui concerne Les Sables-d’Olonne) constituent des outils précieux pour reconstituer tant la carrière maritime personnelle de marins (depuis le XVIIe siècle) que le paysage économique et social de toute la communauté maritime d’un port.

Roland Mornet a décrit, avec sa verve légendaire, le patrimoine matériel  du port des Sables, insistant sur les nombreux lieux de mémoire qui ont été détruits inconsidérément, ou qui sont aujourd’hui menacés, et l e patrimoine immatériel, qui risque de disparaître avec l’étiolement de l ‘économie de la pêche et la montée d’un tourisme de horsains.

Jean-Pierre Bertrand a présenté l’importance du corpus de chants recueillis sur la communauté d’agglomération des Sables-d’Olonne, et a montré combien ce patrimoine par définition immatériel » n’est pas pris en compte à sa juste valeur, comparant la tour d’Arundel, construite au XVIe siècle et objet patrimonial évident pour la population sablaise, les élus, les conservateurs de musée, etc. et une des chansons recueillies aux Sables, dont la première attestation remonte également au XVIe siècle, mais dont l’intérêt patrimonial ne fait pas la même unanimité, alors que sa transmission est plus fragile !

Frédéric Fournis directeur de l’inventaire régional a livré un panorama des patrimoines maritimes de la région et des chantiers de l’inventaire régionale : Rives et rivages en Pays de la Loire, Territoires, patrimoine, usages.

Antoine Fouchard a présenté les buts de la Fondation d’entreprise Bénéteau, qui œuvre dans trois domaines complémentaires la sauvegarde de la biodiversité marine, le soutien à l’innovation dans la nautisme, et enfin le patrimoine culturel maritime, un volet dont la fondation a confié la mise en œuvre à l’OPCI.

William Vogel, a présenté les différentes vies du dundée thonier Biche, construit aux Sables-d’Olonne, qui navigue aujourd’hui armé par une association morbihannaise. Au-delà de l’aventure de sa restauration dans les deux dernières décennies, il s’interroge sur l’avenir de ce magnifique voilier, car son armement nécessite que l’association soit une petite entreprise, ou professionnels et bénévoles travaillent ensemble, et qu’une nouvelle génération prenne la relève.

Xaabi Agote a décrit avec une « force tranquille » l’aventure d’Allaola, qui a transformé  en trois décennies le petit port basque de Passaia en un lieu de référence internationale pour la transmission des savoir(faire desq gens de mer, ou travaillent une trentaine de charpentiers, pour construire la réplique d’un baleinier du XVIe siècle, pour former des charpentiers, un lieu de fête aussi, ou les jeunes de tous âges sont profondément impliqués.

Pierre Aubry a expliqué comment l’envie de certains élus fécampois de créer une fête maritime sur le modèle de celles créées dans les années 1980 en Bretagne, c’est à dire en respectant profondément la culture des gens de mer, pour  en favoriser la transmission, est en train de se concrétiser par la volonté de l’équipe municipale et grâce aux conseils d’experts dont en premier lieu la société Grand Large et l’OPCI : rendez-vous en juillet 2020 !

Questions, souhaits, échanges, débats… Et projets !

Les deux temps d’échanges ont fait émerger diverses thématiques :

aux Sables-d’Olonne, le patrimoine maritime n’est pas assez visible, et des actions seraient souhaitables autour de lieux, de bâtiments d’une part, autour de la valorisation (déjà menée) du patrimoine navigant, et enfin autour de la mémoire collective. Sur ce dernier volet, le projet Sur les chansons va se poursuivre, et même se développer (entre autres, avec le conservatoire, en direction des enfants des écoles).

En Vendée : d’une part, si les élus ont lancé une réflexion sur « la Vendée en «la culture populaire y est quasi absente, au profit d’une vision historique de la singularité départementale. C’est pourtant les us et coutumes de la vie quotidienne qui révèlent la mémoire collective d’un pays, et qui en font un lieu ou on aime vivre, et où les jeunes « nés natifs » voudraient rester ! En matière de patrimoine maritime, le projet avorté de construction d’une « gazelle des Sables » a été évoqué pour regretter qu’il n’y aie pas de voilier traditionnel emblématique de la Vendée, qui a pourtant le plus long littoral de la région Pays de la Loire. Quand au lien avec le dundée Biche, construit aux Sables, il est actuellement absent.

– A Nantes et sur la Loire, la dynamique est forte, les acteurs très nombreux et les mutations urbaines et touristiques invitent les chantiers à s’ouvrir aux publics, à l’image des ateliers de la Cale de l’Île. La nouvelle édition de la grande fête maritime Débords de Loire doit être l’occasion de sensibiliser le grand public, au patrimoine maritime et fluvial, en profondeur, par l’apport de contenus étendus et documentés et des formes de médiation à (ré)inventer.

– Au-delà des Pays de la Loire, il a été noté que certaines régions font figure de modèle en matière de patrimoine maritime (à tort ou à raison!) comme la Bretagne, mais que d’autres voient des projets puissants émerger, ce qui est pour tous de bon augure : la Normandie (avec notamment Fécamp), le pays baque (avec Passaia), les rives françaises de Méditerranée (avec entre autre Sète).

– De discussions en échanges de projets : la journée a permis, à travers des échanges complémentaires informels, d’enrichir des projets en cours ou en devenir :  idées complémentaires pour la valorisation des chants des Sables auprès des enfants, participation possible de chanteurs Sablais participations croisées de Fécampois à la prochaine fête de Passaia (mai 2020) et de Basques à celle de Fécamp (juillet 2020), étude pour la venue du Biche dans des fêtes, idées d’enquêtes patrimoniales à Saint-Gilles-Croix-de-Vie…

Et après ?

Cette journée fait partie du cycle de rencontre Rendez-vous du patrimoine vivant : le cycle continue (rendez-vous à Pouzauges le 1 1avril sur la thématique, rurale, cette fois, Révéler et faire vivre les pratiques traditionnelles liées à la gestion des paysages et des communs

Les interventions de la journée du 1er mars seront publiées. Probablement sous la forme d’une partie d’un ouvrage regroupant les cinq journées menées par l’OPCI en 2018/ 2019, ouvrage s’insérant dans la collection que dirige l’OPCI chez L’Harmattan et où ont été publiés les actes des rencontres analogues organisées par l’Office à Nantes en 2014 (Mémoires entrelacées).

Des rencontres de chantiers, sur la mise en oeuvre pratique de certains des projets évoqués seront organisées par l’OPCI.

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