Les contenus numériques du patrimoine : quelles coopérations dans la production et la diffusion ?


Table ronde coordonnée par l’OPCI dans le cadre du colloque universitaire organisé par les universités de Nantes, Angers, Le Mans : L’innovation dans le patrimoine : nouvelles lectures et pratiques patrimoniales,
29-30 novembre 2018 – Angers /

Séance du jeudi après-midi organisée par l’OPCI et les RFI des Pays de la Loire : Patrimoine, numérique et nouvelles coopérations


Intervenants :

Morgane GODET, chargée de projets à l’OPCI :

De la gestion des données du PCI dans la base mutualisée du réseau RADdO à la valorisation numérique. Exemples en Pays de la Loire.

Titulaire d’un Master Valorisation des Nouveaux Patrimoines, Morgane Godet est chargée de projets à l’OPCI. Elle intervient sur les programmes liés au patrimoine nautique, en partenariat avec la Fondation d’entreprise Bénéteau, aux pratiques festives, ou encore auprès du réseau des petites Cités de Caractère des Pays de la Loire dans le cadre du programme Caractère[s].


Olivier ABSALON et Irène GILLARDOT, DPARC Nantes :

Nantes patrimonia, plateforme collaborative des patrimoines nantais

Irène Gillardot, chargée de médiation des patrimoines à la Ville de Nantes, coordonne la politique d’animation du Patrimoine dans le cadre de la convention Ville d’art et d’histoire. Elle est chef de projet pour Nantes patrimonia.

Olivier Absalon, directeur du Patrimoine et de l’Archéologie à la Ville de Nantes, coordonne et assure la mise en œuvre des actions en faveur de la connaissance, de la protection, de la  conservation, de la restauration et de la valorisation des patrimoines de la ville.


Valérie BOUVET-JEUNEHOMME, réseau des Petites cités de caractère des Pays de la Loire :

Les outils numériques participatifs de contenu et de valorisation au service du programme Caractère[s], Patrimoine vivant des petites cités.

Valérie BOUVET-JEUNEHOMME est chargée de développement pour l’association des Petites Cités de Caractère, réseau de communes souhaitant concilier le développement de leur commune et la valorisation de leurs patrimoines, matériel et immatériel. Elle anime le comité de pilotage de mise en œuvre des droits culturels pour le réseau national des Petites cités de caractère.


Sylvain GUEHL, musicien et enseignant :

Croisement informatique des collectages et intégration du numérique dans la transmission pédagogique des musiques traditionnelles.

Diplômé en musiques traditionnelles et en informatique, Sylvain Guehl conçoit des outils numériques favorisant la transmission des patrimoines musicaux populaires. Musicien, il enseigne l’harmonica diatonique et le violoncelle en école de musique et intègre ces répertoires dans sa démarche pédagogique.


Hervé CANTIN : conteur / Maurice ARTUS : musicien et chanteur :

Consulter les sources numériques et interpréter les éléments du répertoire collecté.

De veillées d’hiver auprès de ses parents, grands-parents et grands-tantes lui faisant découvrir toutes les subtilités du parlé patois, Hervé Cantin, comédien et conteur, entraîne le public dans ce monde patoisant qu’ils ont connu. Pour chaque pièce de théâtre et chaque conte, il enrichit son répertoire en consultant des sources archivistiques orales.

Chanteur et danseur de Saint-Jean-de-Monts, Maurice Artus recueille, fait vivre et transmets les chants et les danses de Vendée depuis les années 1980. Président d’Arexcpo, association de collecte et transmission en Vendée, il est membre des groupes de chants de marins Touline (Vendée) et L’Armée du Chalut, et du groupe du Marais Breton-vendéen Tape dou Païe. Il a reçu le Trophée Hayet en 2015.


Animateur : Philippe Boisseleau

Philippe Boisseleau est directeur de l’OPCI depuis 2012. Ingénieur de l’ESA d’Angers spécialisé en développement local, il a exercé dans une collectivité territoriale avant une expérience de 12 ans dans l’enseignement supérieur en patrimoine et web notamment. À l’OPCI il assure le pilotage de programmes de patrimonialisation (PCI des territoires, culinaire, musiques amplifiées, festivités…)


Cadre :

La tradition patrimoniale de la France a maintenu jusqu’à la fin du XXe une dichotomie entre les approches d’inventaire et de valorisation de l’héritage culturel.

D’un côté, les processus de patrimonialisation classiques étaient déployés par les institutions et leurs services d’Inventaire, de Conservation, d’Archives, de Classement. De l’autre, l’étude et la valorisation de patrimoines plus modestes, ou non repérés par les radars institutionnels, ou encore oraux, étaient portées dans un élan souvent militant par des groupes locaux, d’érudits ou de passionnés. En ce qui concerne le patrimoine oral et ethnographique, le concept d’écomusée a pu opérer la soudure entre les aspirations du terrain et le musée national des Arts et traditions populaires, et placer la participation au cœur de la chaîne reliant les inventaires à la diffusion.

Le nouveau paradigme de la participation résulte d’une convergence de facteurs qui se peuvent s’être influencés l’un l’autre.

D’abord, les modèles du développement local ont fait émerger la légitimité de la diversité des acteurs dans le jeu des coopérations au service des territoires et à partir de leurs ressources. Les aspirations sociétales issues des années 1970, qui ont pu s’exprimer dans la notion de pays, puis plus tard la convention de l’Unesco de 2003 sur le PCI, ont contribué à l’avènement de la convention de Faro et à la prise en compte des communautés dans le rapport au patrimoine. Enfin, le concept de droits culturels questionne plus loin encore la place du citoyen dans la patrimonialisation, la décrète même, en quelque sorte, en introduisant les valeurs fondamentales d’identité et de dignité dans la prise en compte de ce qui fait sens, culture et patrimoine pour les individus.

Le numérique bien entendu a apporté les outils propices aujourd’hui à de nouvelles formes de coopération à même de générer des convergences dans l’inventaire et la valorisation du patrimoine. La connaissance du patrimoine est enrichie, la production de la donnée patrimoniale est augmentée non seulement en nombre mais aussi en valeur, grâce à la diversité des contributeurs possibles et donc des regards, des témoignages…

Et le numérique apporte la matérialité à la donnée immatérielle, une solution de conservations aux sources orales. Par ailleurs, rendus interopérables, les inventaires peuvent se compléter. Les plateformes les bases de données dédiées au patrimoine culturel immatériel et à la mémoire collective constituent en elles-mêmes des sources reconnues aujourd’hui. Elles sont en mesure d’enrichir la connaissance patrimoniale. Les outils d’inventaires du patrimoine matériel aspirent à se tourner non seulement vers la source orale mais aussi à la contribution directe.

Mais tout comme il se pose pour le mobilier et le bâti, le problème de la pérennité de l’objet patrimonial généré et numérique n’est pas évacué avec le règne des nouvelles technologies.

La table ronde vise à éclairer les différentes facettes qui constituent le processus de production et de diffusion des données patrimoniales numériques, questionnées aujourd’hui par la coopération et la participation.  

 

P. Boisseleau – octobre 2018

 

Références :

BENKO Georges, PECQUEUR Bernard, 2001, Les ressources de territoires et les territoires de ressources, Lisbonne, Finisterra, XXXVI, n° 71, p. 7-19.

MORICE Jean-René, 2014, L’extension de la notion de patrimoine [en ligne], in Observation participative et partagée du patrimoine en Pays de la Loire, Nantes, Région des Pays de la Loire.

de MEULDER Kristof, 2014, Les actifs immatériels publics au service de l’attractivité territoriale [en ligne], Paris, Agence du patrimoine immatériel de l’État. http://www.economie.gouv.fr/fi les/immateriel_et_territoires.pdf

MEYER-BISCH Patrice, 2013, Les droits culturels dans la grammaire du développement [en ligne], Agenda 21 de la culture – la Commission culture de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU).

MORICE Jean-René, SAUPIN Guy, VIVIER Nadine (dir.), 2013, Les nouveaux patrimoines en Pays de la Loire, Rennes, PUR, 755 p.

DESROCHES Monique, PICHETTE Marie-Hélène, DAUPHIN Claude, et al (dir.), 2011, Territoires musicaux

mis en scène, Montréal, Presses de l’université de Montréal.

COLLEU Michel, CUENCA Catherine (dir.), 2013, Oralité et musées. Valoriser la mémoire orale collective,

Revue de l’Association générale des conservateurs et collections publiques de France, n° 268.

 

Catégories : Interventions